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Allemagne-Friedrich Merz, chef de file des conservateurs, va être désigné chancelier
information fournie par Reuters 06/05/2025 à 06:00

par Sarah Marsh

Le conservateur Friedrich Merz doit être désigné mardi nouveau chancelier en Allemagne, pour prendre la succession d'Olaf Scholz à un moment charnière dans le pays, entre une économie au ralenti, des liens distendus avec les Etats-Unis - un allié sécuritaire crucial - et une poussée de l'extrême droite.

Il est attendu que les parlementaires approuvent, lors d'un vote organisé à la chambre basse, la nomination de Friedrich Merz comme chancelier après que le bloc conservateur CDU/CSU, victorieux des élections législatives de février, a scellé un accord de coalition avec les sociaux-démocrates du SPD.

Friedrich Merz va devoir démontrer sa capacité à diriger alors que la coalition tripartite sortante du social-démocrate Olaf Scholz a implosé en novembre dernier, créant un vide politique au coeur de l'Europe dans un contexte délicat, alors que le continent fait face à un éventail de crises.

"Les gens demandent depuis longtemps à l'Allemagne de diriger, et il n'est désormais plus possible de ne pas écouter cet appel", a commenté Sudha David-Wilp, vice-présidente du German Marshall Fund, centre de réflexion focalisé sur le renforcement des relations transatlantiques.

"Tout ce sur quoi l'Allemagne d'après-guerre a reposé au cours des huit dernières décennies n'est plus d'actualité, qu'il s'agisse des marchés ouverts et du libre-échange, ou de la présence sécuritaire des Etats-Unis en Europe", a-t-elle ajouté.

La guerre commerciale mondiale déclenchée par les multiples droits de douane décidés par le président américain Donald Trump fait planer la menace d'une troisième année consécutive de ralentissement de la plus grande économie d'Europe, déjà affaiblie par l'arrêt des importations du gaz russe peu coûteux à la suite de l'invasion de l'Ukraine en février 2022 et par une rivalité accrue avec la Chine.

Par ailleurs, Donald Trump menace de ne plus venir en aide aux alliés de Washington au sein de l'Otan, une position qui a poussé Friedrich Merz, pourtant partisan de liens transatlantiques étroits, à remettre en question la fiabilité des Etats-Unis et à exhorter l'Europe à renforcer ses capacités de défense.

L'accord de coalition conclu par la CDU/CSU avec le SPD prévoit des mesures destinées à relancer la croissance économique, comme un allègement de l'impôt des entreprises, et une réduction des prix de l'énergie. Friedrich Merz s'est également engagé à continuer d'apporter un soutien sans faille à l'Ukraine et à accroître les dépenses de défense.

NOVICE DANS UN RÔLE GOUVERNEMENTAL

Si Friedrich Merz est un politicien expérimenté, pour avoir débuté sa carrière dans les années 1980 comme eurodéputé, il n'a jamais occupé de poste gouvernemental et devra donc prouver sa faculté à remplir la fonction de chancelier.

Quand, en 2002, il est sorti battu d'une lutte de pouvoir chez les conservateurs face à sa rivale Angela Merkel, il s'est éloigné de la politique, passant plus d'une décennie dans le secteur privé, avec notamment quatre années à la tête de l'antenne allemande de BlackRock.

Homme fortuné, avocat de formation, pilote amateur, il est considéré par beaucoup comme l'antithèse d'Angela Merkel, qui fut au pouvoir pendant 16 ans, autant au niveau du style que de ses priorités politiques.

La pragmatique Angela Merkel a orienté les conservateurs vers une position davantage centriste; Friedrich Merz, partisan du libéralisme économique, les a ramené à droite.

Les soutiens du chancelier désigné mettent en exergue le fait qu'il est parvenu à obtenir un plan historique d'investissement, pour renforcer les dépenses d'infrastructures et de défense, avant même d'être nommé.

Ses détracteurs disent y voir la nécessité de faire oublier sa décision erratique de faire adopter au Parlement une motion appelant à une politique d'immigration plus stricte, au côté du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD), rompant le tabou de la coopération avec l'extrême droite.

Cela a servi les intérêts de l'AfD mais aussi de l'extrême gauche lors des dernières élections. Les deux partis disposeront ensemble d'assez de voix dans la nouvelle législature pour s'opposer à un assouplissement des restrictions sur l'endettement allemand.

"Le demi-tour sur la politique fiscale, aussi nécessaire qu'il soit, soulève la question de savoir pourquoi Merz s'y est opposé durant les élections, mais aussi de savoir s'il a réellement une vision sur le long-terme pour l'économie", a déclaré Carsten Brzeski, responsable mondial de la macro chez ING.

Alors que l'AfD est en tête de certains sondages récents, le principal défi du gouvernement sera clairement de rétablir la confiance en le centre de la politique allemande, a-t-il ajouté.

"Si ce gouvernement échoue, l'AfD aura davantage de soutiens lors des prochaines élections et pourrait alors devenir membre du gouvernement".

Selon des analystes, la composition du gouvernement qu'entend former Friedrich Merz suggère que le chancelier désigné privilégie l'expertise à l'expérience politique.

Il a fait le choix également d'un renouveau, dans un contexte de défiance à l'égard de l''establishment'. Un seul membre du gouvernement sortant conservera son portefeuille: le ministre de la Défense, Boris Pistorius.

(Rédigé par Sarah Marsh; version française Jean Terzian)

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